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29/02/2012

(J-Drama / SP) Shikei Kijun : la peine de mort au coeur d'un drame humain

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Du rattrapage de tanpatsu au programme de ce mercredi asiatique, qui nous fait donc rester une semaine encore au Japon. C'est Kerydwen qu'il faut remercier pour avoir attiré, le mois dernier, mon attention sur le drama dont je vais vous parler aujourd'hui : Shikei Kijun. Ce dernier a été diffusé sur la chaîne WOWOW (oui, toujours elle !), le 25 septembre 2011. Il s'agit d'un tanpatsu comportant une seule partie d'une durée totale de 2 heures, inspiré d'un roman de Kamo Takayasu

Shikei Kijun se démarque par le thème qu'elle aborde, un sujet sensible qui retiendrait mon attention peu importe le pays, celui de la peine de mort. Cette dernière existe toujours au Japon. Un sondage réalisé en 2010, mentionné dans le drama, montrait une opinion publique majoritairement favorable à son maintien. Sur un tel thème, j'avais déjà lu des synopsis de dramas comme Mori no Asagao, mais l'absence de sous-titres en avait toujours rendu le visionnage irréalisable.

Ce tanpatsu a donc été ma première vraie incursion dans le système judiciaire japonais. Si le résultat n'a pas répondu à toutes mes attentes, il s'agit cependant d'un legal drama solide et efficace. 

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Otomo Kojiro est un avocat à qui tout semble avoir réussi. Homme médiatique, il s'est rapidement imposé comme une des figures de proue du mouvement en faveur de l'abolition de la peine de mort au Japon. Un de ses proches amis, Mito Yusuke, avec qui il a fait ses études de droit, le suit dans ces procès particuliers où la sentence encourrue peut être la mort. Car si ce dernier ne s'est jamais lancé dans une carrière de praticien, il enseigne à l'université et étudie les critères dégagés par la jurisprudence pour fonder le prononcé d'une telle peine. Sur les bancs de la fac, ils s'étaient également noués d'amitié avec Nagase Mariko qui, elle, a choisi une autre voie : celle du ministère public.

Ces trois amis vont voir leurs liens et leurs certitudes vasciller lorsqu'une tragédie les frappe de près. La femme de Kojiro est retrouvée morte, assassinée, chez elle. Un suspect est très arrêté. Son procès s'annonce. Face au tourbillon personnel, médiatique et judiciaire qui menace d'emporter nos trois protagonistes, comment chacun va-t-il se positionner face à ce cas qui les touche personnellement ? Que restera-t-il de leurs convictions antérieures face à ces épreuves ? 

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Shikei Kijun est un tanpatsu ambitieux qui, s'il a conscience d'évoluer sur un terrain sensible, ne va cependant pas hésiter à aborder toutes les facettes de cette problématique complexe qu'est la peine de mort. Dotée d'une approche très didactique, il a le mérite de s'intéresser à tous les points de vue, donnant la parole aussi bien aux proches de victimes, à l'accusé, mais aussi aux différents acteurs de la justice - la police, la défense, le ministère public, et même le juge, avec la responsabilité qu'il prend en prononçant la sentence. Le fait que les personnages vont tour à tour occuper différents rôles, avocat ou victime, théoricien ou praticien, permet aussi de souligner les contrastes des positionnements de chacun.

C'est dans cet effort d'offrir une large photographie du système judiciaire, et de tous les intervenants d'une procédure pénale, que se trouve la réussite principale du drama. Manquant parfois de subtilité, mais en conservant toujours cette volonté d'aborder le sujet de la façon la plus large possible, il va en effet éclairer les limites humaines inhérentes à la Justice, et les tensions qui la parcourent, arbitrage subtil entre ambitions personnelles, ordre public et intérêt de la société. On a donc un solide et consistant legal drama qui devrait retenir l'attention de tout téléspectateur s'intéressant à ces thèmes. 

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Cependant, si Shikei Kijun affiche de hautes ambitions en multipliant les angles d'attaque, il va laisser un arrière-goût d'inachevé. Paradoxalement, à trop vouloir tout s'approprier, il finit par en dire trop peu. Manquant de lisibilité, les esquisses de réflexion et les raisonnements restent trop souvent dans de l'informulé. Ils ont tendance à s'effacer derrière les émotions des différents protagonistes. La volonté de s'attacher uniquement aux destins personnels, en soulignant le contraste entre principes théoriques et réalité de la douleur lorsque le drame touche personnellement, était une idée intéressante ; mais elle brouille son propos et finit par faire perdre au drama sa ligne directrice. 

Certes, certains argumentaires sont un peu plus approfondis. D'un côté, il y a notamment la question de la place de la victime et de ses proches au sein de la procédure pénale : est-ce qu'une sentence doit être prononcée au nom de la société, ou au nom des proches pour apaiser leur douleur ? C'est un débat récurrent du droit pénal moderne, et ce drama a le mérite de (brièvement) l'esquisser. A l'opposé, l'autre versant est plus classique : contre la peine de mort, c'est le risque d'erreur judiciaire, amenant la justice à prendre la vie d'un innocent, qui s'impose. De manière générale, Shikei Kijun donne l'impression de vouloir tout couvrir, mais manque de direction et de structure pour mener à bien et jusqu'au bout ses questionnements. La conclusion, faisant le choix d'une relative facilité, est d'ailleurs révélatrice des limites du drama : une fiction judiciaire intéressante, mais non une réflexion aboutie sur son sujet central, celui de la peine de mort.  

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Sur la forme, Shikei Kijun est un drama classique et réussi. La réalisation est sobre, parfaitement maîtrisée, même si le décor principalement intérieur - notamment au tribunal - n'offre logiquement que peu d'occasions de mettre en valeur le cadre. La bande-son reste aussi utilisée avec parcimonie, ne venant jamais empiéter sur le propos même du drama, ni amoindrir l'intensité des échanges.

Enfin, un dernier atout de Shikei Kijun est son casting. On y croise un certain nombre de têtes familières du petit écran japonais, et chacun délivre des prestations homogènes qui conviennent à la tonalité du tanpatsu. Se partagent la tête d'affiche, Yamamoto Koji (Karei Naru Ichizoku, Mother, Pandora), Ozawa Yukiyoshi et Toda Naho (Marks no Yama). A leurs côtés, on retrouve également Kashiwabara Takashi, Kyono Kotomi, Mitsuishi Ken, Yajima Kenichi, Sato Jiro, Kaneda Akio, Emoto Akira, Yamamoto Kei, Hirooka Yuriko et Kondo Yoshimasa. 

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Bilan : A défaut de réellement s'approprier les clés d'une réflexion seulement esquissée autour de la peine de mort, Shikei Kijun se révèle cependant être un drame judiciaire solide et efficace, reposant entièrement sur ses personnages et leurs émotions, derrière lesquelles s'effacent les enjeux plus théoriques. Peut-être victime de ses ambitions, en voulant offrir une photographie trop large d'un sujet complexe qui dépasse le seul cas d'espèce évoqué, cela reste une fiction riche et intéressante qui mérite un visionnage.


NOTE : 7/10

24/08/2011

(J-Drama / Pilote) Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro : une parodie dédiée à tous les amateurs de jeux de rôles

 
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Aujourd'hui, je vous propose un mercredi asiatique tout spécialement dédié aux amateurs de jeux de rôles (voire à tous ceux qui ne sont pas imperméables à des thématiques de fantasy). Pour perpétuer la tradition de ce blog qui veut que je vous parle d'au moins une série japonaise en cours de diffusion par saison, voici donc pour marquer cette fin d'été, un drama qui ne laisse pas indifférent : Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, c'est-à-dire Yuusha Yoshihiko and Maou's Castle.

La série est diffusée sur la chaîne Tv Tokyo, depuis le 8 juillet 2011, dans sa case horaire du vendredi soir après minuit. Elle devrait comporter 12 épisodes, faisant environ 25 minutes chacun. Comme elle l'annonce elle-même dès son générique, Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro ne dispose d'aucun budget. Mais elle a su intégrer cet aspect à son histoire, pour mieux défier tout sérieux, en se réappropriant dans le même temps les codes classiques des RPGs', et plus précisément, ici, de Dragon Quest. Ce n'est pas toujours fin, mais c'est souvent drôle et rythmé. Un petit plaisir assez jubilatoire.

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Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro se déroule il y a longtemps, à une époque médiévale où la nature prédominait et où les esprits côtoyaient des monstres plus inquiétants. Une mystérieuse épidémie se répand, causant de nombreuses morts d'un village à l'autre. Le père du personnage principal, Yoshihiko, est parti il y a déjà plus de six mois en quête d'une plante légendaire devant apporter un remède contre cette terrible maladie. Mais, sans nouvelle de lui, le village se résigne à mener une nouvelle cérémonie pour désigner un autre héros afin de reprendre cette quête vitale.

C'est Yoshihiko que désigne l'épreuve d'extraction de l'épée plantée dans la roche. Le nouvel héros du village part sans délai, laissant derrière lui une soeur inquiète. Sur le chemin, il croise rapidement trois compagnons, pas forcément très bien disposés à son égard initialement, mais qui vont entreprendre le voyage à ses côtés : un guerrier, une jeune femme souhaitant venger son père (elle est persuadée que Yoshihiko est celui qui l'a tué) et un magicien aux pouvoirs douteux. Si Yoshihiko retrouve, lui, rapidement son père (et les herbes voulues), une divinité va soudain apparaitre au petit groupe prêt à se séparer. Le grand Hotoke leur confie une nouvelle mission d'une toute autre ampleur : défaire Maou, puissance ancienne et malveillante qui s'est réveillée et menace désormais le monde.

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Le premier atout de Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro va être de consciencieusement rassembler tous les ingrédients scénaristiques classiques - et légitimement attendus - que l'on croise dans les jeux de rôles. L'histoire suit ainsi une trame qui nous est familière, reprenant des recettes connues. Le héros, parti initialement sur les traces de son père, se voit confier une quête principale révélée à la fin du premier épisode, qui met en jeu le sort du monde et désigne son adversaire, personnifiant la lutte du Bien contre le Mal. Au fil des épisodes, la progression de la petite troupe est entravée par des missions secondaires dont il hérite au gré des rencontres, s'égarant à la découverte d'obscurs objets magiques et se lançant dans les sauvetages les plus téméraires d'innocents en détresse.

Tout en reprenant la mythologie et le cadre de fantasy propres aux jeux de rôles, la série cultive une tonalité volontairement décalée. Elle adopte en effet une approche parodique totalement décomplexée, normalisant les ressorts narratifs et la logique d'ensemble qui président au fonctionnement de cet univers. Le souci de fidélité des scénaristes à leur concept de départ doit être souligné : il faut saluer avec quel soin le récit, mais aussi la mise en scène, apparaissent codifiés comme dans un jeu vidéo. Les règles à suivre, les étapes à franchir, les combats à mener, jusqu'au niveau variable des méchants à affronter, tout est là... Et c'est sur cette base travaillée que la série va pouvoir construire et développer sa dimension humoristique.

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Car Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro est avant tout une comédie dynamique réussie. Bénéficiant d'une écriture acérée et très vive, son rythme soutenu et ses dialogues ne manquant jamais de réparties sont un terrain propice pour créer et nourrir les décalages les plus invraisemblables. Jouant sur de brusques changements de tonalités, le drama multiplie les ruptures dans le récit, précipitant des chutes qui aiment prendre à contre-pied les attentes logiques du téléspectateur. En fait, le drama s'amuse à suivre la feuille de route traditionnelle de son genre, accentuant même à l'excès certains stéréotypes, pour mieux ensuite dévier et finir par les détourner. Ainsi, par exemple, une des premières scènes donnent immédiatement le ton : l'épée plantée dans le rocher (un classique) désigne bien Yoshihiko comme "le nouvel élu" (normal)... mais ce n'est pas lui qui la retire : elle tombe par terre avant même qu'il ait posé la main dessus (!).

Si tout se finit invariablement comme attendu, la série s'assure cependant toujours que rien ne se passe comme prévu pour parvenir à ce résultat. Du sauvetage d'une demoiselle en détresse prête à être sacrifiée à une divinité locale au combat contre un terrible monstre impliquant la maîtrise d'une puissante épée fusionnant avec une âme humaine, tout se présente a priori sous les formes prévisibles dans une fiction sur un tel sujet... Sauf que la série manie admirablement l'art de la variation parodique, empruntant des chemins détournés avec un aplomb et un enthousiasme communicatif. De plus, le drama ne recule pas non plus devant un certain nombre de running gags qui finissent par devenir les rendez-vous incontournables de l'épisode (par exemple, le fait que Yoshihiko soit le seul à ne pas voir à l'oeil nu la divinité censée le guider dans sa quête - et qu'il y parvienne finalement grâce à... des lunettes 3D).

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Côté casting, on croise dans ce drama beaucoup de têtes familières du petit écran japonais. Le groupe est assez homogène et sait parfaitement jouer sur la fibre parodique, ni complètement sérieux, ni totalement à côté de la plaque : ils incarnent des stéréotypes, et leur jeu se prête parfaitement à ces personnages. C'est Yamada Takayuki (Churasan, Byakuyako) qui incarne le héros Yoshihiko que l'on va accompagner dans cette quête initiatique. A ses côtés, on retrouve également Kinami Haruka (Sunao ni Narenakute, BOSS 2), Muro Tsuyoshi (Tofu Shimai), Takuma Shin (Komyo ga Tsuji), Okamoto Azusa (Moyashimon) ou encore Sato Jiro (Control ~ Hanzai Shinri Sousa).

Enfin, c'est sur la forme que je vais exceptionnellement conclure car elle est d'une grande importance, voire même déterminante pour installer l'ambiance de la série, accentuant la dimension parodique de l'ensemble. Si Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro n'a pas de budget, elle va réussir à transformer ce manque en véritable atout. En effet, elle revendique pleinement son absence de moyens pour mieux jouer sur un côté extrêmement cheap entretenant des décalages visuels permanents. La forme est ici un élément humoristique à part entière. Comment résister et ne pas exploser de rire devant la seule vision de ces improbables monstres en plastique, face à ces bruitages électroniques façon jeux vidéos qui accompagnent les combats, mais aussi devant certaines "élipses" volontaires (le héros s'éloignant de son village sur un "cheval" dont la présence n'est que suggérée). Tous les effets spéciaux excessivement low cost qui parsèment la série entretiennent un second degré rafraîchissant, portés par une bande-son où retentit toujours une musique prompte à verser dans un épique de circonstance tout aussi en décalage.

S'il serait possible de multiplier les exemples pour montrer à quel point, tout autant que l'écriture des dialogues, la forme joue un rôle déterminant dans la série, je crois que les screencaptures ci-dessous seront sans doute plus parlantes que la plus imagée de mes descriptions.

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Au moins, dès le générique, les choses sont claires pour le téléspectateur.

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Le cadre de fantasy : des esprits de la forêt... (souvenez-vous, Mononoke !)

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Monstres (méchants).

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Combat (avec bruitage et effets spéciaux).


Et puis quand le manque de budget se fait trop sentir, le drama use d'une autre tactique : il bascule brièvement en... dessin animé.

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Monstre (très très méchant). Trop effrayant pour être montré en "live".

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Combat sanglant (trop violent pour être montré en "live").

Bilan : Comédie souvent jubilatoire, toujours divertissante, parfois surprenante, Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro investit un univers de fantasy qui, derrière son apparence fidèle aux jeux de rôles traditionnels, va cultiver avec un enthousiasme communicatif les décalages les plus improbables. Dotée d'une écriture très vive, la série excelle dans une dimension parodique où les brusques changements de tons et les chutes les plus inattendues se multiplient, rythmant des épisodes qui se déroulent sans le moindre temps mort. Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro va ainsi rapidement toucher et conquérir le coeur du public ciblé : ne boudons pas notre plaisir !


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :


Le générique :

(source : Ladytelephagy)

02/03/2011

(J-Drama / Pilote) CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa : du policier très classique mais sympathique

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Commençons ce premier mercredi asiatique du mois sous le signe du policier. En attendant de jeter un oeil à la série sud-coréenne Crime Squad, je me suis penchée sur d'autres nouveautés de la saison hivernale au Japon, et plus particulièrement ces séries à enquêtes qui semblent avoir la capacité de prospérer dans les écrans de tous les pays. Parmi le large choix proposé actuellement au Pays du Soleil Levant, deux dramas ont retenu mon attention ce week-end : LADY ~ Saigo no Hanzai Profile et CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa.

Tous deux s'inscrivent dans cette vague porteuse du profilage. A qualité d'écriture plus ou moins similaire, reconnaissons à LADY ~ Saigo no Hanzai Profile le fait de savoir s'emparer sans doute de façon plus énergique et moderne de ce concept, cependant son long pilote d'1h40 (!) m'a semblé interminable. Point plus problématique, j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser au sort de ses différents protagonistes, mes sentiments à l'égard de l'héroïne fluctuant entre indifférence et agacement. A l'inverse, CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa m'a paru autrement plus sympathique. Moins ambitieuse - d'aucuns diraient moins présomptueuse - et finalement, plus facile à apprécier, avec ses qualités comme ses défauts. C'est pourquoi c'est de cette série, diffusée sur Fuji TV depuis le 11 janvier 2011, dont je vais vous parler aujourd'hui. D'autant que l'entraînante - et inattendue - chanson qui clôture ses épisodes mérite d'être saluée.

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Segawa Rio est une jeune détective impulsive et ambitieuse, qui n'hésite pas à prendre des risques et à dire le fond de sa pensée, sans forcément d'ailleurs que celle-ci soit sollicitée par des supérieurs que sa constante débauche d'énergie et son zèle de tous les instants exaspèrent. Une prise de risque de trop se termine dans une fusillade où Rio est grièvement blessée. Si cet évènement n'altère en rien ses certitudes,lorsqu'elle reprend le travail après s'être rétablie, elle apprend qu'elle a été transférée au siège de la police métropolitaine de Tokyo, dans les unités traitant des crimes violents. Mais, tout en retrouvant dans cette brigade un ancien camarade de promotion, Teranishi Kei, Rio se rend malheureusement compte ce n'est pas sur le terrain qu'elle est affectée.

En effet, la jeune femme échoue à un mystérieux poste de management qui consiste plutôt à jouer les assistantes, voire les babysitters, pour un nouveau consultant auquel leurs supérieurs ont décidé de recourir. Universitaire spécialisé en psychologie, Nagumo Jun a répondu positivement à la sollicitation des autorités. Il voit surtout dans cette opportunité de travailler avec la police la possibilité de consulter directement de nombreux dossiers d'affaires pour l'aider dans les recherches qu'il conduit sur le comportement humain. Ses théories, qui sonnent sans doute justes dans ses livres, pourront-elles aider à la résolution des enquêtes, ou s'avèreront-elles incapables de franchir la frontière de la réalité pour s'appliquer à la diversité des situations croisées ?

L'universitaire posé et la policière forte tête n'étaient sans doute pas destinés à essayer de travailler ensemble, mais ce duo a priori si dissemblable pourra peut-être donner des résultats inattendus.

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A la seule lecture de ce synopsis, il est aisé de percevoir que CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa va reposer sur une dynamique connue et qui a fait ses preuves : celle de l'association improbable de deux professionnels, aux tempéraments clairement affirmés et aux méthodes forcément très différentes, mais qui vont apprendre à collaborer pour devenir complémentaires. La recette est éprouvée, mais elle n'en demeure pas moins efficace si sa mise en scène est bien gérée, ce que l'introduction ce drama nous prouve une nouvelle fois. En effet, en dépit des stéréotypes auxquels ces bases renvoient a priori, le traitement des relations qui se nouent entre les deux personnages principaux se révèle étonnamment rafraîchissant et plaisant à suivre à l'écran. Il aurait été facile de verser dans la surenchère et de forcer, mais CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa opte pour une opportune sobriété. La série trouve finalement le juste équilibre entre une dynamique pimentée d'oppositions, tendant plus vers la comédie, et une atmosphère plus sérieuse de drama adulte d'enquêtes.

De manière générale, pour qu'un procedural show, quelque soit sa natonalité, parvienne à retenir mon attention, ce qui va faire toute la différence, ce ne sont généralement pas tant les enquêtes (à moins d'un grand arc couvrant toute la saison) que les personnages. Et c'est justement par sa dimension humaine, avec ses protagonistes sympathiques, que le pilote de CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa réussit son entrée en matière. Le sur-investissement émotionnel de Rio, avec ses attitudes toujours trop spontanées, est parfaitement contrebalancé par la douce excentricité de Jun, lequel conserve toujours une prudente distance d'observateur face aux faits auxquels il est confronté. Ce n'est pas une dynamique qui marque par une quelconque originalité - qu'elle ne recherche d'ailleurs pas -, mais son attrait réside dans cette impression de naturel. Les oppositions et autres différences de vues ne tombent jamais dans le jusqu'au-boutisme facile. Aucun personnage n'en fait trop (même si Jun manifeste une certaine tendance à s'écouter parler). Si bien que c'est cette confortable justesse de ton qui permet de s'attacher à eux individuellement, mais aussi au duo qu'ils forment ensemble.

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Sur la forme, CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa reste également sobre. Si sa réalisation est de facture classique, en revanche, c'est par sa bande-son que le drama retient l'attention du téléspectateur. Non seulement par son utilisation fréquente de petites musiques rythmées, qui permettent d'alléger l'ambiance et de souligner les passages plus détendus, mais aussi par un générique de fin qui offre une conclusion parfaite. Le montage des images n'a rien d'innovant, mais la chanson choisie surprend, par son côté très entraînant et dynamique. Ce fut pour moi un petit coup de coeur musical.

Enfin, il convient de saluer le casting, qui n'est pas pour rien dans cette appréciation positive des personnages que le téléspectateur retire de ce premier épisode. On y retrouve quelques valeurs sûres du petit écran japonais. Matsushita Nao (Tantei Club) fait preuve d'un dynamisme communicatif, tandis que Fujiki Naohito (Hotaru no Hikari) n'a pas son pareil pour mettre en scène un flegme universitaire difficile à ébranler. A leurs côtés, on retrouve notamment Yokoyama Yu, Kitamura Yukiya, Usuda Asami, Sato Jiro, Katsumura Masanobu ou encore Izumiya Shigeru.

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Bilan : Procedural show construit sur des bases d'un classicisme assumé, si le pilote de CONTROL ~ Hanzai Shinri Sousa se révèle plaisant à suivre, il le doit tant à sa sobriété, qui lui confère une forme d'authenticité, qu'à la dynamique sympathique qui se crée rapidement entre ses personnages principaux. Ce premier épisode n'est sans doute pas celui d'une série policière ambitionnant de marquer ou de surprendre, mais il installe un univers confortable et pose des points de repère auxquels le téléspectateur s'attache aisément. Les amateurs du genre ne seront sans doute pas déçus.

Et puis, dernier point non négligeable pour permettre de quitter le pilote sur une bonne impression : la chanson du générique de fin (dont je vous propose, en bonus, le MV intégral ci-dessous - il s'agit de la dernière vidéo) !


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :


Le générique de fin (et sa musique surprenante et rafraîchissante !) :


BONUS : Le MV de l'excellente chanson du générique (Ginga no Hoshikuzu, par Kuwata Keisuke) :


09/02/2011

(J-Drama) Densha Otoko : un attachant conte de fées moderne

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Un mercredi asiatique un peu spécial aujourd'hui. Comme vous avez dû vous en rendre compte, au vu du rythme de publication très light sur le blog ces derniers jours, le travail a malheureusement rattrapé mon temps libre. Rien d'irrémédiable, mais n'ayant pas eu le temps de consacrer une seule soirée à visionner des séries au cours de la dernière semaine et demie (et n'ayant vu en tout et pour tout qu'un épisode de Being Human au cours des 10 derniers jours), vous comprendrez que l'exercice de rédaction de review se révèle quelque peu compliqué ! Si mes perspectives de temps libre risquent de ne pas s'arranger avant la fin du mois, je vais cependant tâcher de maintenir un rythme de publication, fut-il modeste, en attendant mieux.

Et, comme j'avais déjà pu le faire à quelques reprises l'an passé, lorsque je n'ai pas eu le temps de découvrir de nouveautés, ce mercredi asiatique devient l'occasion de revenir sur mes premiers pas téléphagiques dans les petits écrans de cet autre continent. Premiers pas téléphagiques qui s'effectuèrent au Japon. Parmi ces dramas qui ont posé quelque peu les bases de ce voyage asiatique, figure ainsi celui que je vais évoquer aujourd'hui : Densha Otoko.

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Diffusé sur Fuji TV en 2005, Densha Otoko ("L'homme du train") est l'adaptation d'un best-steller, lui-même inspiré d'une histoire vraie. La série va nous faire suivre les chamboulements que va connaître la vie de Yamada Tsuyoshi, un jeune homme célibataire, extrêmement maladroit socialement, plus souvent brimé qu'épanoui. Véritable otaku qui préfère se réfugier dans sa passion pour l'univers de l'animation, les relations humaines n'ont pour lui rien d'évident. Or, un jour, en rentrant par le train, il défend une belle jeune femme, Aoyama Saori, qu'un ivrogne importunait. Troublé et conquis par le bref échange que cela occasionna entre eux - et qui se conclut par un échange de coordonnées -, Tsuyoshi décide de prendre les choses en main : comment conquérir celle qui est sans conteste la femme de ses rêves ? C'est vers la communauté virtuelle qu'il fréquente qu'il va se tourner pour glaner quelques précieux conseils.

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Jouissant d'une solide réputation - sans doute avant tout liée à cette magie qu'il semble faire naître sous nos yeux -, Densha Otoko reste un drama culte qui, à sa manière, ne pourra pas laisser indifférent le téléspectateur. L'histoire apparaît somme toute classique - une rencontre entre deux êtres que tout sépare a priori -, difficile pourtant de ne pas conserver une profonde tendresse pour cette sorte d'adaptation moderne de conte de fées. L'association des deux personnages principaux saura toujours conserver ce côté atypique qui permet de ne pas avoir l'impression d'une énième redite, mais plutôt d'une ré-appropriation personnelle des codes du genre. Le drama est doté d'une écriture à part, soignant une forme de paradoxe où se ressent un côté presque déconnecté (suis-je dans un rêve?), tout en sachant pourtant traiter de thèmes qui auront rarement paru aussi solides et concrets. Densha Otoko dégage une impression quelque peu irréelle, mais particulièrement rafraîchissante.

Romance aux faux airs d'une Belle & la Bête modernisée, le drama sait parfaitement jouer sur tous les tableaux, tant amoureux que comiques, permettant une alternance de tons des plus intéressantes. Mêlant habilement un humour qui n'hésite pas à verser dans le burlesque et une dimension sentimentale très émotionnelle, la série capitalise en réalité sur une humanité qui surprend et revigore un téléspectateur rapidement conquis, d'autant que le drama bénéficie d'une galerie de personnages hauts en couleur. L'aspect le plus original de Densha Otoko réside sans doute dans la mise en scène de l'univers des otakus qu'elle propose, surtout à travers la petite communauté virtuelle qui entoure le héros. La série croque avec délice - et une pointe de gentille caricature - les traits d'une bande d'internautes aux liens presque plus unis que ceux qu'ils peuvent nouer IRL. Ce côté extrêmement bigarrée a le mérite de sonner très authentique ; et de permettre une exploitation de ce média de manière moins artificielle qu'une série comme Sunao Ni Narenakute l'an dernier (avec twitter).

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Pour autant, ce qui fait la vraie force de ce drama et qui explique à mon sens tant sa réputation, que le fait qu'il ait pu réunir des téléspectateurs aux goûts très différents, qu'ils viennent pour la comédie, la romance ou pour un mélange de l'ensemble, c'est ce parfum d'espoir qui sous-tend l'ensemble. Car au-delà de la douce incrédulité que ressent le téléspectateur devant la témérité diffuse que représente le fait de seulement envisager l'histoire qui nous est relatée, Densha Otoko est une de ces séries que l'on aime à chérir parce qu'elles se proposent d'ouvrir des portes que l'on croyait définitivement refermées et qui vont donner le courage de poursuivre des rêves que l'on pensait inaccessibles. Un instant, tout paraît pouvoir devenir possible. Comme un conte de fées. On se laisse emporter en se murmurant intérieurement, "et pourquoi pas ?".

Sur la forme, il convient de s'arrêter sur l'OST, car ce sont les musiques qui m'ont marqué dans cette série, et plus précisément les génériques, qui restent encore à ce jour parmi mes préférés de j-dramas (cf. en fin de billet pour les visualiser). En effet, tant pour ouvrir le drama que pour le conclure, Densha Otoko choisit opportunément de pleinement exploiter cet univers otaku qui lui est propre, avec un classique geek par excellence faisant office de première présentation (la chanson Mr Roboto), mais aussi en recréant l'opening d'un dessin animé dont le héros est fan. A la frontière de la réalité, jouant sur l'ambiguïté de sa thématique, c'est très bien trouvé.

Enfin, la série bénéficie d'un casting solide qui s'intègre parfaitement. Les deux rôles principaux sont dévolus à Ito Atsushi et Ito Misaki, tous deux très convaincants. Ils sont entourés d'une galerie de seconds rôles tout aussi déterminants pour forger l'ambiance globale du drama, parmi lesquels on retrouve : Shiraishi Miho, Sato Eriko, Sudo Risa, Hayami Mokomichi, Sato Jiro, Maekawa Yasuyuki, Horikita Maki, Koide Saori, Gekidan Hitori, Toyohara Kosuke, Akiyoshi Kumijo, Kishibe Shiroo et encore Sugawara Eiji.

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Bilan : Conte de fées moderne profondément attachant, Densha Otoko se visionne avec une tendresse jamais démentie. Il ne suscitera pas forcément de coup de foudre instantané, ni de passion démeusurée. Mais derrière sa thématique romantique très classique, tout en bénéficiant de la gestion calibrée de tonalités qui offrent un habile mélange de romance impossible et de comédie aux allures loufoques, se trouve quelque chose d'à la fois très personnel et universel qui ne saurait laisser indifférent. Car ce secret tiraillement qu'il éveille au fond de nous, c'est ce sentiment si précieux que l'on appelle "espoir". C'est cette fibre cachée, celle d'une utopie qui se matérialise, que ce drama parvient à toucher avec une authenticité et une sensibilité rares. 


NOTE : 6,75/10

Le générique de fin :


Le générique d'ouverture :

(Mr Roboto)